Je souhaite apporter mon regard sur ce qu’on appelle dans le langage médical : « TOP » ou troubles de l’opposition (comportements opposants). C’est selon moi, encore une fois un étiquette qui enferme et réduit considérablement l’enfant/l’adolescent et son potentiel. Il ne s’agit pas de nier que ces comportements existent. Ils peuvent bel et bien exister. Ils se manifestent par des insultes, de la violence verbale ou physique, des jets d’objets avec de la casse, comme des verres ou des cruches à eau.
Ce qu’on appelle l’opposition est une très grande difficulté pour ne pas dire une impossibilité à coopérer. Il est certain que pour les parents c’est un défi de taille, car cela génère une grande souffrance. Les moments apaisés sont rares et placent le foyer dans un état de tension très difficile à vivre.
Ce serait trop simple de parler de cause à effet, d’une difficulté parentale, d’un mode éducatif trop permissif ou trop autoritaire. Un parent peut être de la meilleure volonté du monde, cherchant ses mots, tentant de s’améliorer, cela peut ne pas suffire et cela est une réalité. Cela fait partie du handicap à part entière, car ces fameux troubles de l’opposition apparaissent avec beaucoup plus de prédisposition quand il y a un TSA ou un TDAH en toile de fond.
Cette opposition peut se manifester par du vocabulaire injurieux dont l’enfant/l’adolescent lui-même n’arrive pas à sortir. Il y a quelque chose de compulsif d’installé, qui rend l’inhibition quasi impossible. C’est pourquoi je parle de handicap et qu’il est très difficile que les personnes continuent de porter des jugements hâtifs en parlant de mauvaise éducation. A la base de cette opposition, il y a une très grande difficulté à supporter le non, la frustration.
Pourquoi le relier directement au handicap ?
Parce que dans le TSA et le TDAH, la relation au temps est très anxiogène, la représentation temporelle étant mal intégrée. Aussi ce rapport à la frustration provient directement d’une grande difficulté à comprendre que si c’est non aujourd’hui cela pourra être oui plus tard. On peut tenter d’ailleurs dans nos tentatives de réponse et d’apaisement de répondre en expliquant le fait que la satisfaction pourra apparaître plus tard une fois la tâche réalisée.
On ne peut pas nier que des grosses difficultés de communication entre deux parents séparés ou divorcés vont majorer les comportements opposants. L’enfant / l’adolescent se retrouve perdue entre deux systèmes éducatifs différents, ce qui peut le placer dans un conflit de loyauté. Son opposition est à entendre comme un immense sentiment d’injustice d’avoir à subir cela. L’authenticité est encore une fois la clé, ainsi que la bienveillance, toujours et encore.
Priscilla Laulan