Les informations défilent devant vos yeux pendant que vous scrollez votre écran. Mettant de côté de lourds paragraphes, votre cerveau ne retient que quelques phrases chocs : des accroches du mariage d’une célébrité à celle d’une guerre lointaine. Parmi ces fouillis de mots peuvent parfois se dissimuler des faux, des informations erronées voire créées de toutes pièces. Souvent utilisée pour commettre ces méfaits, l’IA se voit être la candidate parfaite : Elle permet de générer des images et du texte en suivant de simples commandes appelées “prompt”. L’IA est ainsi vue par ses utilisateurs comme un bon outil pour créer des images, à des buts plus ou moins éthiques. Cette utilisation, souvent intensive, ne possède-t-elle pas un revers nocif ?
L’IA, une voleuse masquée ?
L’IA est un algorithme, un algorithme qui prélève des images préexistantes selon les prompts. Celui-ci, en tant que machine, n’est doué d’aucun sens moral, et n’effectue pas ses recherches sur des images libres de droits : de ce fait, de nombreux artistes, qu’ils soient dessinateurs ou photographes, ont vu leurs œuvres volées par l’IA. Dans une chimère bâtarde, les travaux de nombre d’individus se font réapproprier par des inconnus, sans leur consentement, bien entendu.
Les IA ne s’arrêtent malheureusement pas aux images, elles touchent aussi au son, aux voix. Celles-ci sont répliquées à partir d’extraits, et peuvent être utilisées au bon vouloir de l’utilisateur : des chansons sont créées avec les voix des influenceurs sans leur consentement. Cette pratique risque néanmoins d’empirer les fake news : on a su répliquer la voix de Barack Obama pour lui faire dire des grossièretés dans une vidéos
entièrement éditée. Heureusement, celle-ci était à but préventif, mais qu’en est-il de celles avec un but beaucoup moins noble ?
Quand le faux devient trompeur
L’information générée devient aujourd’hui de plus en plus crédible. Si elle était autrefois facilement repérable grâce à des erreurs issues du mélange d’images, tels que des doigts en trop, des feuilles fusionnées ou des ombres incohérentes, elle est aujourd’hui bien plus pointue et sait même tromper l’œil averti.
Un exemple récent qui a su marquer les foules est celui d’une femme Palestinienne attaquée par un chien. Image choc, actuelle, qui n’était en réalité qu’une chimère. Si habituellement les posts créés par IA ne trompent que les personnes plus âgées sur des réseaux comme facebook, ici, même les plus jeunes ont souffert de l’entourloupe. C’est un exemple type pour montrer que les IA deviennent de plus en plus efficaces et doivent être régulées : mais régulées et contrôlées par quel moyen ?
IA contre IA
De nombreux outils existent afin de détecter les images générées par IA, mais ceux-ci ne sont pas encore au point. Utilisant eux-mêmes l’IA, il leur arrive parfois de prendre une peinture célèbre, telle que La Nuit Étoilée de Van Gogh, pour une fausse œuvre.
Concernant le texte généré par ChatGpt, l’analyse est plus avancée. La possibilité d’utiliser l’IA pour débusquer l’IA avance positivement et sera certainement opérative dans le futur.
Il faut ainsi garder en tête que l’IA n’est pas nocive par elle-même, et peut même parfois servir d’assistance dans la création de nouvelles œuvres éthiques.
L’assistance d’une machine
En tant qu’outil, l’IA se montre fort pratique, et peut même être parfaitement éthique, si les données qu’elle traite ont été acquises avec le consentement de leur source. Dans le domaine de la musique, certains chanteurs virtuels fonctionnent ainsi : utilisant des données vocales et entraînant une IA dessus, ils sont fruits d’un consentement totalement éthique entre la compagnie, les fabriquant et le ou la “voice provider” (la personne dont provient la voix d’origine).
Autre utilisation intéressante, l’IA comme assistance au dessin, en répliquant des artworks déjà fait, en changeant sa position, toujours en utilisant une base de données créée avec l’accord de son propriétaire. L’IA se montre parfaite pour accompagner certains processus fastidieux et constitue une bonne compagne pour les artistes sachant comment l’utiliser.
L’IA est ainsi, comme d’autres outils, plutôt neutre dans sa pratique : elle emmène certes avec elle de nombreuses dérives que l’on ne peut ignorer, mais aussi de nombreux avantages, dont celui de contrer ces dernières. Une conclusion logique serait de continuer à l’utiliser, mais avec beaucoup plus de régulation; cependant l’IA n’est pas gratuite en ressources, et pollue énormément. Avant de pouvoir s’accommoder à de nouvelles possibilités de création, il paraît important de régler les problèmes écologiques qu’elle procure et ainsi, de s’assurer un avenir, avec ou sans IA.
Chloé Ravoninjatovo