Je suis Léa Leroy, j’ai 26 ans, et je suis entrée en service civique pour Ludosens dans une promotion artistique pour poursuivre mon rêve de pouvoir intégrer une industrie vidéoludique sur le long terme.
J’ai grandi avec un parcours scolaire classique où je donnais des résultats brillants, et c’est peut-être pour ça qu’aucun adulte de ma vie ne se sentait concerné par mon incapacité complète à socialiser depuis la maternelle, mes crises d’angoisses continuelles ou mes problèmes avec les textures, les sons et les lumières qui me faisaient m’effondrer quotidiennement. Au milieu du harcèlement scolaire violent, j’ai eu mon Bac S haut la main, avant de naviguer une license d’illustration traditionnelle et digitale au milieu de ma dépression, et de finalement obtenir un master d’art 2D & 3D spécialisation jeux vidéos en ayant manqué la moitié des cours à cause d’un burnout. Mes parents étaient continuellement furieux de tout comportement qu’ils voyaient comme inapproprié, aussi léger soit-il, menant mon enfance et mon adolescence à être des périodes extrêmement sombres et difficiles de ma vie où je comprenais que quelque chose n’allait pas chez moi, et qu’on m’en voulait beaucoup pour ça, mais j’étais incapable de me « corriger ».
J’ai été suivie toute ma vie par différentes variations de psys qui m’ont chacun assigné des conditions différentes qui n’expliquaient jamais vraiment tout, avant de tenter le tout pour le tout et consulter une neuropsychologue spécialisée dans l’autisme chez la femme, avec mes quelques économies. J’ai été diagnostiquée très tard, à 24 ans, avec un trouble du spectre autistique, et c’est grâce à ça que j’ai obtenu les reconnaissances nécessaires pour commencer à progresser, psychologiquement et professionnellement.
Mes parents m’ont avoué avoir toujours su que j’aurais pu avoir un trouble développemental, mais avoir préféré me forcer autant qu’ils le pouvaient à être « normale » plutôt que me donner une étiquette. J’ai su, grâce à cette étiquette, identifier les raisons de mes difficultés, adapter mon environnement et mon comportement pour avoir une vie plus heureuse, et surtout j’ai enfin eu la confirmation que je n’étais pas quelqu’un de cassé qui devait redevenir « normale » quitte à se tuer à la tâche, mais quelqu’un qui a un fonctionnement différent suivant une logique interne et qui mérite d’être aimée telle qu’elle.
Aujourd’hui, avec beaucoup de travail sur moi-même et de courage, j’ai réussi à embrasser ma condition, gagner mon propre respect, créer un cadre de vie dans lequel je m’épanouis et avoir un cercle social proche qui respecte mes besoins. J’ai confiance dans le futur, et je travaille maintenant pour gagner mon indépendance avec un travail pour vivre de façon autonome.
Être à Ludosens me permet de me familiariser avec les besoins que j’ai passé ma vie à ignorer, apprendre les codes sociaux du monde professionnel, et m’habituer à un rythme quotidien que je ne savais pas gérer à l’école. C’est un premier pas pour mon futur et être dans un milieu qui reconnaît et respecte mes particularités me rend confiante.
Léa
