Moi, Lilit, 27 ans, neuroatypique et « créatypique ».
Je participe au programme « créatypique » à l’association Ludosens de mars à septembre 2020. J’ai été diagnostiquée avec TSA à l’âge de 24 ans par un C.R.A. (Centre de rétention administrative).
La France est en confinement depuis le 17 mars en réponse à la propagation du virus Covid-19. La population est appelée à limiter les sorties au strict minimum, si bien que les lieux habituellement garnis se retrouvent déserts. Restaurants, bars, clubs de sport, cinémas, tous les lieux propices aux rencontres et aux retrouvailles entre amis se trouvent fermés et les confinés se retrouvent en… isolement social ! Confinés chez eux, à ne plus pouvoir serrer chaleureusement leurs amis et leur famille dans les bras, les habitants souffrent de cette mesure sanitaire qui les empêche de discuter avec leurs proches.
Quant à moi, une neuro-atypique parmi tant d’autres, s’en remettant à la loi de Murphy en ce qui concerne la pandémie, je suis presque heureuse.
En effet, finies les obligations sociales ! Terminées les conversations inutiles avec les voisins et adieu la bise ! Au revoir la souffrance des transports en commun ! Oui, le confinement a ses bons côtés. Lorsque je sors faire ma promenade quotidienne autour de la maison et que j’aperçois des visages familiers, le virus me libère de cette obligation de rapprochement et m’offre la possibilité de ne lancer qu’un « Bonjour ! » éloigné, assorti d’un bref mouvement de main.
Pour le reste, la Covid-19 ne change pas radicalement ma vie. Mes occupations restent les mêmes, puisque mon passe-temps favori est de rester devant mon ordinateur plutôt que de sortir prendre un verre avec une bande d’amis bruyants. Car en neuro-atypique typique, mon cercle de relations est relativement restreint. Mes amis, pour la plupart virtuels, se comptent sur les doigts d’une main. Nous communiquons via internet et sommes très heureux comme cela. Je ne souffre pas plus que d’habitude d’isolement social puisque je suis toujours, en temps normal, en isolement.
Cet isolement serait pour un neurotypique une très grande source de souffrance alors que pour une neuro-atypique comme moi, il s’agit de la norme et d’un mode de vie nécessaire puisqu’un surplus de contacts entraine toujours une grande fatigue et une nécessité de rester… confinée.
Lilit T.