Très cher monde,
On me demande souvent de me présenter à l’écrit. Et je n’ai jamais réussi cette tâche en étant satisfait.e du résultat. Quel exercice difficile que de coucher une personne sur papier, fixée dans le temps comme quelque chose de figé. Alors très cher monde, je vais essayer du mieux que je peux de te montrer un petit bout de l’iceberg.
Que dirais-tu, très cher monde, de partir du principe que je suis un.e métamorphe ? Un.e métamorphe changeant de formes et d’esprit, pas toujours à sa guise, souvent au détour d’une phrase, d’une conversation, d’un mot. Je vais te raconter son histoire, mon histoire. En tout cas la survoler.
Rêveur.se, aventurier.ère, lecteur.rice, ce.tte métamorphe vivait dans un autre monde pendant une bonne partie de son enfance, tantôt sorcière qui transforme les princes en crapaud, tantôt prince triton des profondeurs, tantôt protecteur.rice des elfes et fées de la forêt. Sans se rendre compte consciemment des choses qui se passaient autour de lui, des monstres aux masques familiers. Petit.e métamorphe plein.e d’espoir en l’avenir, et désireur.se d’en vivre et d’en connaître plus.
Arrivé.e dans le secondaire, les difficultés et les déceptions se sont enchaînées. Le monde réel devenait terne, cruel. Très différent de sa vision des choses et de ses attentes. Et puis cela a été la chute. La chute dans le trou noir. Dans la culpabilisation, l’incompréhension, la méfiance. Petit.emétamorphe s’est raccroché.e aux piliers qu’iel avait. Ses parents, son amoureux, ses espoirs, son imaginaire.
Et puis ce fût la lueur, l’explication que son monde était bien différent de celui qu’iel avait devant lui.elle. Iel compris que les créatures autour d’elle parfois avaient des mécanismes bien différents, et qu’iel devait maintenant apprendre et comprendre le monde qui l’entourait.
Ce fût le début de découvertes sur les différentes créatures toutes plus étranges, fascinantes et terrifiantes du monde réel. Et petit.e métamorphe prit une apparence un peu plus fixe. Iel enfilant un long manteau, un bandeau rouge, un tricorne, et se construit son navire. Capitaine des mers qui s’agitaient devant lui.elle. Mais il gardait toujours les étoiles pour rester à flot et ne pas perdre le cap, bravant les eaux monstrueuses et tumultueuses. Son navire fût renforcé et iel essaya de ne laisser monter personne à bord. Quelqu’un réussi pourtant à se faufiler. Mais à plusieurs reprises, il perfora la coque du bateau à plusieurs endroits. Et petit à petit le bateau commençait à couler. Il laissa la coque abimée, et notre petit.e métamorphe qui tentait désespérément de réparer son navire. Iel le renforça
d’autant plus, interdisant à quiconque de monter à bord.
Et le.a Capitaine se perdit en mer. Cela dura quelque temps. Quelque temps où iel s’autorisa à l’oublie. A s’oublier lui.elle. Petit.emétamorphe se laissa porter par les vagues, quel quelles soient, et vogua au hasard. Et les complications s’accumulaient, mais iel avait décidé de les ignorer. C’était un.e Capitaine fort.e et rien ne pouvait l’atteindre. En tout cas c’était ce qu’iel se répétait. Et puis sans qu’iel ne s’en rende compte, une autre créature se hissa sur son navire, faisant fit des protections. La créature s’approcha du Capitaine, et le.a prit dans ses bras.
Et ce fût le début d’une nouvelle aventure. Notre métamorphe accueilli cet être humain, lui faisant une place de plus en plus douillette à bord, lui laissant de plus en plus l’accès à l’entièreté du navire. Et il l’aida à naviguer, à alléger ses protections, et à combattre les nombreuses créatures que notre métamorphe avait laissé de côté et qui revenaient frapper la coque par milliers. Mais c’était le début de l’aventure d’acceptation et de compréhension de lui.elle même. Et c’était bien moins effrayant de le faire à deux. Car la créature était douce, patiente, compréhensive, aimante. C’est avec beaucoup de tempêtes, de difficultés, mais aussi énormément d’amour, de bienveillance et de joie, qu’ils avancèrent tous deux.
Et c’est ici, très cher monde, que nous sommes. Après beaucoup de chemin parcouru, et encore
énormément de chemin devant nous. Les idées, les projets, les envies et les aventures devant nous sont infinis, mais de moins en moins flou pour notre petit.e métamorphe.
J’espère très cher monde que j’ai réussi à te dépeindre du mieux que je pouvais un petit morceau
de qui je suis, le.a petit.e métamorphe envahit de mondes, de pensées. Une lettre, quelques mots, et une infinie de transformation.
Nox, la plume métamorphe.