Nous sommes volontaires à Ludosens, et certains d’entre nous ont le syndrome d’Asperger.
Nous avons pu être éclairés sur le sujet, et sur le contexte de sa découverte, contexte malheureusement trouble.
Nous voulions donc rédiger un article afin d’éclaircir certaines questions et partager notre avis.
Depuis une trentaine d’années, on utilise le terme de syndrome d’Asperger pour désigner une forme d’autisme, proche de celui dit « de haut niveau » Cela se manifeste par des difficultés de communication, d’adaptation à des normes sociales, des comportements répétitifs, par exemple. Mais généralement il y a absence de déficience intellectuelle.
Le psychiatre qui a découvert ce syndrome et qui lui a donné son nom était Hans Asperger, médecin autrichien du XXème siècle. Il a donc fait des recherches importantes sur l’autisme, dans les années 40, reconnues internationalement plus tard, après sa mort. Mais, d’après un article récent, il aurait collaboré avec le régime nazi, et participé à des atrocités.
Nous pensons que, bien que le terme soit probablement désuet pour plusieurs raisons, il n’est pas forcément nécessaire de le bannir.
Si l’histoire nous apprend quelque chose c’est que le sens des mots, comme le contexte, peuvent parfois évoluer avec la société.
Mais la science évolue également, et il est fort possible que, dans le passé, beaucoup d’autres spécialistes avaient des idées extrêmes et/ou répréhensibles malgré leurs découvertes majeures, sans pour autant être bannis de la communauté scientifique.
Hans Asperger avait peut-être de bonnes intentions au départ, tout cela est flou, mais le contexte historique est quant à lui très délicat, et sa participation aux agissements du parti Nazi devait bien évidemment être dévoilée.
Ensuite, nous voudrions évoquer la classification scientifique du syndrome.
Nous avons appris que depuis la publication du DSM-5 (5ème édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), le syndrome a été inclus dans les TSA (Troubles du spectre autistique), et n’est plus classé à part. Pour le public non concerné, d’ailleurs, l’autisme se résume souvent à Asperger, ou alors, un peu à l’opposé, on pense que l’autiste est « débile ». Il est facile de mettre les gens dans des cases, de les placer sur une sorte d’échelle arbitraire, mais c’est encore plus évident quand il s’agit de personnes autistes/neuroatypiques. Même la science en arrive là, le DSM établit des degrés différents d’autisme.
Les médias finissent par « glorifier » les autistes dits « savants », ceux qui ont un QI très élevé, qui ont des capacités hors-norme, qui peuvent s’intégrer.
Bref, nous pensons que si le mot devrait être encore utilisé officieusement entre personnes concernées par le syndrome, il ne devrait l’être ni de manière péjorative, ni de manière méliorative.
Et si le terme gêne vraiment, on peut, par exemple, utiliser le terme « Aspie » qui permet de réduire sa connotation, malgré tout, négative du nom.
Il suffirait que toutes les personnes soient placées au même niveau d’égalité, malgré le nom qu’on donne à leurs troubles. Elles n’ont juste pas la même manière de réfléchir, de communiquer…
Et laissons les personnes concernées choisir de se reconnaître dans l’étiquette qu’elles veulent, si elles en veulent une !
Benjamin M. (rédacteur du blog pour les Créatypiques)
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Sources que nous avons pu utiliser :
https://cenop.ca/troubles-comportement/tsa-trouble-spectre-autisme.php
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_Asperger