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Des films de cette année sur le sujet de la neurodiversité ! (« Hors Normes » & « Quelle folie »)

Dans le cadre de mon parcours citoyen, j’ai été amené à assister à deux séances de cinéma sur le thème de la neurodiversité, pour des films sortis très récemment : Hors normes d’Olivier Nakache et Eric Toledano, et le documentaire Quelle folie de Diego Governatori.

Dans un prochain article j’aurais l’occasion de vous en présenter d’autres, de lister des fictions et documentaires sérieux autour de personnes/personnages neuroatypiques.

Hors normes est une fiction qui traite du sujet de la neurodiversité en évoquant le métier d’éducateur, d’accompagnant pour des jeunes en grande difficulté, présentant notamment des troubles de l’autisme particulièrement handicapants au quotidien. A tel point handicapants qu’on ne sait plus où caser ces enfants, adolescents et jeunes adultes. Alors des associations comme La Voix des Justes (Inspirée de la vraie association Le Silence des Justes) deviennent nécessaires. L’association à l’origine de cette histoire, les réalisateurs la connaissent depuis un moment. En 2015, ils réalisaient un court-métrage documentaire pour la présenter, intitulé On devrait en faire un film. Et le pari a été tenu.

Un certain nombre de personnages sont donc très inspirés de personnes réelles de l’association, et certaines apparaissent même dans le film.

Il est vrai que l’idée que le tandem Nakache-Toledano réalise un tel film peut faire grincer des dents. Leur réalisation que l’on peut qualifier de « feel good » charme beaucoup, mais la réalité est souvent plus complexe et subtile que dans leurs films. Les réalisateurs nous donnent cependant l’impression, dans ce film, qu’ils ont accordé beaucoup d’importance à la crédibilité de leur récit rempli de rires, de larmes, de tendresse. Des détails tout à fait intéressants le parsèment.

Un des principaux aspects frappants, notamment, c’est la rigidité de l’administration française face aux associations novatrices comme celle présentée dans le film. Sous prétexte d’une maltraitance, on s’acharne à enquêter froidement pour tenter de démolir un projet comme celui-ci. Les divers personnages secondaires sont souvent très intéressants également. Je pense par exemple à la mère de Joseph, qui représente certainement bien la souffrance d’une mère voyant son enfant neuroatypique entraîné vers des dispositifs qui lui feront plus de mal que de bien, et qui a donc vu le bout du tunnel grâce à l’association.

Sans nul doute, c’est un exercice ardu de capturer la réalité du handicap invisible sans biais, d’évoquer toutes les problématiques inhérentes. Hors normes est tout de même le fruit d’un effort convaincant, une avancée certaine dans la vision populaire de ces troubles, mais malgré cela la patte Nakache-Toledano est toujours présente, et ne peut pas être du goût de tout le monde, comme elle avait déjà gêné des spécialistes du handicap à la sortie d’Intouchables.

Ce n’est d’ailleurs pas un film sur les troubles de l’autisme en eux-mêmes. On admettra que les jeunes personnages avec autisme ne sont pas suffisamment mis en avant et qu’on porte en héros leurs accompagnants, joués, certes, par des acteurs très convaincants tels que VIncent Cassel, en tête. L’idéal serait, selon nos convictions, de valoriser les personnages atypiques, sans en faire trop bien sûr.

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Laissons donc la parole aux plus concernés comme avec Quelle folie, qui est un documentaire passionnant se concentrant sur Aurélien Deschamps, comédien aspie. Aurélien partage ses pensées, s’y perd parfois aussi en errant dans les rues de Pampelune en période de fêtes, avec son ami derrière la caméra et le projet. Un témoignage saisissant, parfois léger, mais souvent poignant.

Il nous submerge de mots qui chahutent dans sa tête, qu’il essaie de rendre cohérent. Des métaphores, des anecdotes amusantes viennent nous surprendre et nous faire sourire. Il évoque plusieurs aspects de la vie sous le prisme des troubles de l’autisme, la communication, les relations amoureuses, en bref les interactions humaines.

Des interactions humaines il en a même dans le film, puisqu’un certain nombre d’habitants et de touristes sont intrigués par la caméra. Certains, venus de loin, pensent qu’il est journaliste, et attendent qu’il leur pose des questions.

D’autres pensent qu’il est un comédien connu. Mais curieusement, ils ne semblent pas réaliser son trouble malgré sa communication non-verbale qui peut parfois le trahir.

Un touriste anglophone l’interpelle, débat avec lui sur la légitimité d’un comédien. « Vous êtes faux », lui assène-t’il, mais il s’étonne ensuite que son interlocuteur croise les bras, dans une position défensive.

La perception d’Aurélien sur ses troubles et sur les humains est frappante de justesse et fait frissonner. Malheureusement le propos devient amer, et on découvre une souffrance enfouie en lui. Une souffrance que beaucoup de neuroatypiques connaissent bien, c’est celle des normes, celle que crée la société.

Il utilise des mots forts, durs (« ratage », aberration »), car selon lui l’autisme est un véritable handicap que seuls quelques chanceux réussissent à surmonter. Il compare la vie à un pilotage d’avion que beaucoup ne maîtriseront pas. La majorité finira par « se crasher ». Une personne neuroatypique ne pourra pas compenser. Il y a donc beaucoup de colère en lui, d’impulsivité, à l’image des taureaux lâchés dans les rues de Pampelune, suivis par une foule trop enthousiaste et par quelques aventuriers prêts à risquer de se faire piétiner.

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J’espère que cela vous donnera envie d’aller voir ces films, et que vous prendrez autant de plaisir à les découvrir. Pour ma part, j’ai vu ces séances comme une continuité dans mon parcours de compréhension et d’acceptation du concept de neurodiversité.

Le cinéma pourrait d’ailleurs être un très bon support de sensibilisation s’il ne baignait pas dans une mare acide d’archétypes, si l’on ne retombait pas régulièrement dans certains travers… Bien sûr, de rares œuvres sortent du lot, et le 7ème art évolue lentement avec la société, mais des progrès sont encore à faire.

Les deux films commentés précédemment font partie de cette avancée, malgré les défauts du premier, probablement dus à son aspect « mainstream », et, au contraire, la portée malheureusement plus limitée du second, dû à son aspect documentaire.

Vous entendrez parler d’autres longs-métrages intéressants et moins récents très prochainement !

Benjamin M. (Rédacteur du blog pour les Créatypiques)

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