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Ce que j’appelle le comportement opposant, la posture d’opposition peut aussi être qualifié de biais de négativité très poussé. On note que ce type de posture psychique est très souvent associé à un TSA, TDAH ou profil Haut potentiel. Elle peut s’installer vers l’âge de dix ans et rester très ancrée à l’âge adulte. C’est-à-dire que cette posture d’opposition va définir tout le mode relationnel. Cela se traduit par une grande défiance vis-à-vis des autres et avec la perception que l’autre est un danger. Cette défiance est tout particulièrement palpable de la part de ceux qui sont perçus comme des figures d’autorité. Par exemple, des professeurs, des directeurs/trices, des supérieurs hiérarchiques, toute personne représentant le cadre et qui peut être potentiellement vécu comme abusif, oppresseur. 

Cette posture psychique est très douloureuse à vivre car la personne ressent une insatisfaction constante vis-à-vis de la vie, de sa vie et d’elle-même. C’est une vision excessivement pésismiste et une tendance à voir tout en noir. A tel point que la personne concernée peut être considérée comme étant aveugle à la réalité. Elle ne peut percevoir toutes les nuances de la vie, y compris toutes les choses positives qui lui arrivent. 

Cela peut même participer à un plus haut risque d’effondrement émotionnel interne, du fait d’être principalement relié à une négativité interne très forte. 

Ce type de personnes a pu vivre des traumas dans l’enfance impliquant des adultes et/où percevoir que les adultes étaient peu exemplaires, peu fiables, générant une absence totale de confiance vis-à-vis du monde des adultes (ce qui signifie également de manière sous-jacente une déception profonde) et une absence totale de sécurité

En bref, l’environnement qui aurait dû être sécure ne l’a pas été. 

La posture d’opposition peut se manifester par une fermeture du visage. C’est un masque de protection mais cette protection n’est pas perçue comme telle, elle est perçue comme une non volonté de coopération voire même par une volonté de sabotage, ce qui est très problématique dans le milieu professionnel. 

Pourtant ce qu’il y a derrière c’est une vraie souffrance avec une terreur réelle et ressentie. Le monde est vécu comme dangereux et les autres comme un danger potentiel. La personne dresse des murs autour d’elle, pour être sûre de ne plus être atteinte par quoi que ce soit.  

Quand on est directement concerné et qu’on en souffre, comment faire ? 

Ce qui rend le processus excessivement complexe c’est que la personne est enfermée dans un système de pensée et elle ne se rend pas compte elle-même qu’elle est victime de ce mode de fonctionnement. Et pour en sortir, par définition, il s’agit de sortir du déni et de savoir nommer les choses. Egalement reconnaître que cela nous dessert. Elle se croit plus forte, elle a la sensation que grâce à ce système d’opposition, personne ne peut lui imposer quoi que ce soit, et en premier lieu les figures censées représenter l’autorité. Sauf que c’est une illusion. 

La personne est comme dans une forteresse intérieure, emprisonnée en elle-même.

Qui plus est, au trauma d’origine, peut s’ajouter des traumas qui vont apparaître à des âges plus tardifs, comme le harcèlement scolaire qui est un grand classique. La surimposition de traumas va renforcer la posture d’opposition ce qui donne au final de véritables cuirasses de protection. 

C’est donc un long et patient travail pour en sortir où il s’agit de défaire les cuirasses. 

Comment construire une relation positive avec une personne qui a ce type de construction psychique ?

Comme pour les enfants, les clés sont identiques : authenticité, parler de cœur à cœur. Considérer que la personne a toutes les ressources pour être associée au défi qui est de sortir de la spirale frontale. Pouvoir nommer sa rigidité de pensée comme telle et lui faire prendre conscience que c’est elle qui a les clés pour s’assouplir un peu. L’associer au défi de sortir de l’impasse quand elle est mobilisée avec d’autres sur un projet collectif. Donc clairement la considérer comme responsable, et lui donner sa responsabilité pleine et entière dans le processus de coopération qui doit pouvoir se faire. 

Le fait de sentir que les personnes en face sont souples, bienveillantes et de bonne volonté peut largement suffire pour faire baisser la garde, assouplir les défenses de la personne ayant une posture d’opposition. La détente peut opérer.

Priscilla Laulan

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