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Une orthophoniste nous donne ses conseils

orthophoniste Emilie Blanchemain

Émilie Blanchemain, orthophoniste à Courbevoie, interrogée par Ludosens

Ludosens : Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?

Émilie Blanchemain : J’ai obtenu mon certificat de capacité d’orthophoniste en juin 2012 après 4 ans d’études à l’école de Paris.

Durant ma première année d’exercice, j’ai travaillé à 30 % à l’hôpital la Pitié-Salpêtrière dans le service de pédopsychiatrie. Je travaillais 3 jours dans un cabinet libéral en tant que collaboratrice à Courbevoie.

Aujourd’hui, je travaille à plein temps en libéral, toujours dans le même cabinet.

Ludosens : Quels sont les publics que vous recevez en cabinet ?

Émilie Blanchemain : Mes champs d’intervention thérapeutiques concernent pour les enfants : les troubles des apprentissages du langage écrit (dyslexie, dysorthographie). Les troubles logico-mathématiques, les troubles du langage oral (retard d’apparition du langage chez les jeunes enfants entre 2 et 4 ans). Les troubles du langage associés à un trouble envahissant du développement.

Pour les adultes : stimulation cognitive dans le cadre de maladies neurologiques (Sclérose en plaques). Maintien et adaptation des fonctions de communication dans le cadre de maladies dégénératives. Conservation de la communication, du langage et de la parole dans les surdités suite à la mise en place d’un implant cochléaire.

Ludosens : Quel est le rôle du jeu dans le développement cognitif des enfants ?

Émilie Blanchemain : Le jeu est essentiel pour le développement de la pensée chez l’enfant, particulièrement entre 0 et 3 ans. Par le jeu, l’enfant découvre l’espace, agit sur le monde qui l’entoure. Fait des expériences qui construiront chez lui des assises protologiques indispensables au bon développement de sa pensée et de son raisonnement. Par le jeu, par la manipulation d’objets, nous pourrions dire que l’enfant construit sa pensée.

Il comprend le monde et ressent ensuite le besoin de communiquer à autrui. Dans mon approche thérapeutique auprès des enfants avec un retard de développement du langage oral, je m’appuie sur une méthodologie rééducative créée par Lydie Morel, orthophoniste qui se nomme « l’ajustement protologique et langagier ». L’objectif est de proposer à l’enfant des objets non signifiants et plus tard signifiants pour lui donner l’occasion de manipuler, expérimenter. Cette démarche ne constitue pas une intervention directe sur le langage. Elle s’intéresse aux fondements de la construction de la pensée en lien avec le langage.

Ludosens : Quelles solutions ludiques trouvez-vous inspirantes? Pour quelle tranche d’âge ?

Émilie Blanchemain : Entre 0 et 3 ans. Il me semble très intéressant de proposer des objets non signifiants à l’enfant tels que des cubes, des boites, des bouchons, des tubes, des pailles… afin que l’enfant puisse créer lui-même des situations de jeux sans forcément être orienté et dirigé par une « règle ».

Pour les plus grands, tous les jeux sont les bienvenus tant qu’ils sont voulus par l’enfant lui-même. Et je trouve important de laisser l’enfant sortir du cadre du jeu s’il en ressent le besoin. Par exemple, il se peut qu’un enfant devant un jeu de mémory n’accède pas à la consigne du jeu et s’amuse en revanche à aligner les cartes… il faut alors le laisser faire, l’accompagner dans la démarche qu’il a décidé d’emprunter. En entrant dans le jeu de l’enfant, nous remarquons à quel point ils peuvent être imaginatifs et créateurs de sens.

Ludosens : Donnez-nous des exemples de jeux qui marchent ?

Émilie Blanchemain : Je ne saurai porter de jugements sur les jeux qui existent dans le commerce.

En rééducation, j’utilise quelques jeux que l’on trouve en magasins gĂ©nĂ©ralistes. Pour travailler le balayage visuel et/ou le vocabulaire, j’utilise « le lynx ». Pour travailler la mĂ©moire et/ou la notion de « pareil/pas pareil ». Pour le vocabulaire, j’utilise les jeux de mĂ©mory, pour travailler le raisonnement, le « rĂ©flĂ©chir avant d’agir » j’utilise le « rush hour » (aussi avec les adultes !) de mĂŞme que le jeu « quarto ».

Ludosens : Que pensez-vous de la tablette ?

Émilie Blanchemain : La tablette selon moi est un bon outil, mais pour l’adulte ! On voit de plus en plus de publicités pour des applications décrites comme éducatives. Ce n’est pas le cas… l’enfant a besoin de manipuler pour s’éveiller, pour apprendre, pour raisonner. En restant passif devant un écran et en glissant seulement son index sur l’écran, l’enfant ne construit rien. Par ailleurs, beaucoup d’études scientifiques montrent que l’utilisation précoce de la tablette entraine des troubles de l’attention et de la concentration. Rien de mieux qu’une vieille boite de cubes, des bonhommes en plastique, des puzzles en bois, des jeux d’encastrement… pour donner à l’enfant de quoi s’occuper, créer et agir sur le monde qui l’entoure.

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